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La voix sur IP : Enjeux économiques  
 

 

La voix qui représente actuellement vingt fois le volume des données génère en outre, des marges importantes. Actuellement cette seule activité représente un volume d'affaires de 229 milliards de dollars. Il devrait passer à 240 milliards de dollars à l'horizon 2001. A cette date, la voix sur IP devrait représenter 7% du chiffre d'affaires du secteur selon des estimations. En effet, 8 à 12% des conversations téléphoniques internationales devraient passer par IP à cette échéance tandis que cette technologie devrait simultanément prendre une part appréciable du volume de l'EDI et surtout du fax. Ce dernier représente à l'heure actuelle 40 % du trafic téléphonique international.

Voilà pourquoi tous les principaux acteurs du marché des opérateurs aux équipementiers en passant par les fournisseurs de services Internet tels que PSIN et mettent actuellement au point des stratégies de conquêtes.

I. L’économie de la voix sur IP pour les communications interurbaines

Les possibilités de gain en transport de la voix sur IP pour les communications nationales dans les réseaux publics sont limitées en l’absence de connexion locale alternative à celle de l’opérateur historique. Schématiquement, l’économie d’une communication IP longue distance nationale est la suivante :

Service avec interconnexion entrante et
sortante sur le réseau de France Télécom
Téléphonie traditionnelleTéléphonie sur IP
Total coûts de production base100Prix plus bas que la téléphonie traditionnelle pour séduire le client
Coûts commerciaux, relations avec la clientèle, coûts administratifs30Pas d’économie
Coût réseau longue distance20Economie réalisable en IP
Coût de l’interconnexion entrante avec le réseau de France Télécom25Pas d’économie
Coût de l’interconnexion sortante sur le réseau de France Télécom25Pas d’économie

En première approche, nous allons considérer que la commercialisation des services téléphoniques traditionnels et des services de voix sur IP procède de manière identique, avec des coûts très voisins. La nouvelle donne issue du commerce électronique par Internet pourrait réduire autant les coûts de commercialisation de la téléphonie traditionnelle que ceux de la téléphonie sur IP.

Dans ces conditions, la téléphonie sur IP a un impact limité sur l’économie des communications interurbaines. D’une part, les possibilités réelles de réduire le coût de la communication ne portent que sur une part très limitée des coûts de production et d’autre part le client demandera à bénéficier d’un prix très attractif. La rentabilité pour l’opérateur n’est donc pas aisée.

En matière de coûts de transmission, le mode IP ne change en rien les coûts de génie civil, pose de fourreaux, ou tirage de câbles. Ces coûts fixes sont invariants et représentent une part prépondérante du capital investi dans les réseaux de télécommunications. Le phénomène de rupture actuel sur la transmission n’est pas celui du mode IP, mais de l’optoélectronique. Si la téléphonie sur IP permet d’économiser de la bande passante, cette économie paraît négligeable par rapport aux ruptures auxquelles nous assistons en matière optoélectronique.

En laboratoire, les Bell Labs ont transmis en 1998 un débit total de plus de 2 Tera bits par seconde sur une même fibre, soit plus de 1.000 fois le débit utilisé aujourd’hui sur la plupart des grandes artères des opérateurs de télécommunications. Cette évolution de l’optoélectronique est beaucoup plus structurante pour le marché de la transmission que celle apportée par le protocole IP. Les solutions IP permettent toutefois de réduire sensiblement les besoins en capital pour les équipements actifs de certains réseaux d’opérateurs.

Pour les communications nationales en France, il est possible de terminer une communication téléphonique sur tout le territoire national grâce à une interconnexion sortante en double transit. Le coût de transport en mode IP devra donc être inférieur à la différence entre ce coût d’interconnexion en double transit et le coût de terminaison en simple transit sortant suivant la configuration du réseau IP. L’économie d’une solution IP pour l’opérateur ne pourra être satisfaisante qu’avec des volumes de communications très importants. Dans le cas contraire, il aura meilleur compte de recourir aux services d’interconnexion existants.

II. Les créneaux de marchés pour les communications interurbaines

L’équation économique devient tout autre pour un service de téléphonie d’entreprise sur Intranet. Les coûts d’interconnexion avec le réseau de France Télécom disparaissent grâce à l’utilisation de liens directs IP déjà existants pour l’Intranet de l’entreprise, utilisation qui permet d’obtenir un coût total très bas. Dans ce cas, l’appelant bénéficie d’une connexion Intranet entre deux PABX.

Si l’accès en mode IP se fait par un particulier bénéficiant d’un accès Internet sur réseau câblé avec une tarification forfaitaire, telle que la tarification proposée par certains câblo-opérateurs, nous sommes dans une économie équivalente à celle de l’entreprise connectée par un Intranet. La communication peut alors être terminée sur le réseau de France Télécom. Nous pouvons avoir le schéma suivant pour un opérateur exploitant un réseau IP longue distance :

Si nous considérons que l’opérateur IP ne traite que la communication locale, nous pouvons avoir le schéma suivant pour lequel l’équation économique peut être très avantageuse.

III. La téléphonie internationale

Pour les communications internationales, l’équation est toute autre. Les prix de vente actuels sont très supérieurs au coût de l’interconnexion entrante depuis le réseau de France Télécom. Les coûts de l’interconnexion sortante diffèrent suivant les pays. Dans les pays industrialisés ayant très largement libéralisé les télécommunications, ces coûts ne sont pas très éloignés des coûts français, voire sont inférieurs. La forte économie sur le coût de transport grâce au mode IP est alors décisive pour offrir un service très compétitif. Pour les autres pays, il est fréquent qu’il existe des impossibilités législatives d’interconnecter un trafic IP au réseau téléphonique. Si tel n’est pas le cas, il arrive néanmoins que les prix de connexion au réseau téléphonique soient souvent beaucoup plus élevés. Mais dans ce dernier cas, les prix des communications internationales sont également très importants. L’économie sur le coût du transport grâce au mode IP reste donc également déterminante par rapport au prix que devra payer l’utilisateur final.

 




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